Ma lecture du dernier roman de David Vann s’achève dans la stupeur…
Sentiments mêlés d’horreur et d’admiration face à un sujet ô combien sensible – la dépression du père de l’auteur – et la maîtrise absolue de ce matériau brut devenu œuvre littéraire.
Plonger au cœur de la dépression de son père alors qu’il s’agit d’un événement dont les conséquences sont si grandes pour le fils est une prouesse.
Dépasser l’apitoiement, se glisser dans son esprit et son corps pour tenter de saisir ce qui a pu l’animer lors de cette période cruciale de sa vie est un exercice déstabilisant… alors que Vann semble en faire une force.
La dépression..
une terrible maladie qui vous laisse pantelant chaque matin,
essoré par l’insomnie,
qui vous fait perdre le goût du sel de la vie et vous empêche de vous projeter au-delà de l’instant, si ce n’est pour vous dire qu’il faut en finir…
David Vann évoque ainsi son père aux prises avec les pires projets : une seule pensée l’anime, mettre fin à ses jours.
Malgré la présence de ses enfants, de son frère qui ne le lâche pas, de son meilleur ami qui l’a si bien cerné, de son père qui en dépit de ses maladresses joue le tout pour le tout, rien ne semble pouvoir le retenir, comme s’il était définitivement trop tard, comme si une fois trop avancé dans le désespoir, plus rien ne pouvait ramener un homme à la vie.
Que pèsent alors une vie bien établie, un plan de carrière trop bien suivi pour satisfaire aux exigences sociales et familiales, et qui finalement n’empêchent rien, ni divorce, ni les sommes astronomiques dues au fisc, ni cette sensation poisseuse de n’être nulle part à sa place… comme un poisson sur la lune ?
Le lecteur suit Jim Vann dans les quelques jours de sa vie où l’imminence d’un passage à l’acte maintient une tension dramatique forte : chaque rencontre pourrait s’achever dans une tuerie de masse, et chaque parole revêt une importance démesurée et symbolique…
C’est fort, dérangeant, c’est du Vann.
Il sort aujourd’hui en librairie : vous le lirez ?
Merci au #picaboriverbookclub et aux @editions_gallmeister pour cette lecture en avant-première !
Moonpalaace 