Ce roman d’Elsa Flageul raconte la difficulté de devenir parents quand soi-même on se sent encore enfant, la brutalité de l’arrivée prématurée d’un bébé, les doutes, les interrogations d’une femme qui réfute le fait que la maternité soit une évidence.
Le récit alterne ainsi les chapitres pris en charge par un narrateur et ceux extraits du journal d’Alice, dans lequel l’usage de la première personne nous fait entrer dans sa conscience habitée de sentiments contradictoires, de questions parfois naïves mais toujours justes, et souvent drôles…
« Ils vont être parents pour la première fois, ils sont encore gavés de sommeil, repus de liberté, leur visage est encore gonflé de jeunesse, leur cœur tranquille. Ils sont encore, eux aussi, des bébés. »
Et puis le récit devient plus sombre et angoissant lorsqu’il relate le combat pour la vie : le petit César placé en service de néonatalogie est examiné, surveillé, intubé… La peur s’empare alors des parents démunis, les obligeant à décentrer leur attention vers ce tout petit être qui ne demande qu’à vivre.
« Il faut que les bébés grossissent, que les chairs se tendent, que les poumons rosissent et que les cœurs saccadent. Il faut que la vie triomphe, même sans gloire, même sans les honneurs (…) »
J’ai aimé ce livre pour la capacité de l’auteure à transmettre de façon délicate et sans pathos les angoisses que génère la maternité, pour la sensibilité qui affleure à chaque page et qui traduit le désarroi de jeunes parents confrontés à la prématurité et à la maladie.
« [Le médecin] ne peut pas savoir que certaines personnes sont si fragiles qu’elles se froissent comme du papier trop fin mais que le froissement les rend alors compactes ».
Je recommande ce roman doux amer et je sais déjà qu’il entrera en résonnance avec de nombreuses histoires vécues par les lecteurs autour de la difficulté de devenir parents dans des circonstances délicates.
Chez Julliard
Moonpalaace 