
Quel souffle anime cette splendide évocation de la royale Aliénor d’Aquitaine, femme forte, loyale et combative, qui ne se laisse pas dominer par son mari, le terrible Plantagenêt, comte d’Anjou puis Roi d’Angleterre, et dont les moyens de la faire ployer ne manquent pas !
Mère louve, elle aimerait tout d’abord épargner à ses fils les batailles intestines qui rongent la famille royale, elle protège, soutient sans relâche sa progéniture, et hurle de douleur à la perte des uns et des autres que le sort s’acharnera à lui reprendre.
Femme de Lettres, elle s’entoure des meilleurs troubadours, met à l’honneur la culture et la poésie en langue d’oc, instaure la Courtoisie, invente un lignage entre la royauté anglaise et le roi Arthur en développant le mythe de la Table Ronde pour « auréoler le pouvoir royal de magie », fait chanter ses propres louanges.
Femme accomplie, elle casse son premier mariage sans craindre ni l’Eglise ni les mœurs de l’époque, se remarie avec un jeune loup ambitieux de 10 ans son cadet à qui elle donnera 8 enfants.
Personnalité hors norme, elle n’hésite pas à fomenter une Révolte contre son mari pour lui reprendre l’Aquitaine qu’il avait violemment placée sous son joug.
S’en suit une bataille terrible dans laquelle elle enjoint ses propres fils et son premier mari le roi de France Louis VII à terrasser le Plantagenêt, devenu Henri II d’Angleterre, réputé pour ses colères et sa déloyauté.
Devant l’adversité elle ne ploie pas, non plus que dans l’épreuve de la captivité.
Éblouissante à Poitiers lors de son mariage qui scelle son destin, elle le restera à Westminster, même après des années enfermée dans une triste geôle.
« Tue ou laisse vivant, mais ne blesse jamais, car un animal blessé devient dangereux ».
Le récit traduit la force de son caractère, sa détermination aussi farouche que sereine à reprendre ce qui lui revient de droit, et fait d’elle bien plus qu’une figure historique : en plaçant son fils Richard Cœur de Lion dans la position du narrateur principal, c’est un point de vue aimant et plein d’admiration qui est développé, construisant une figure humaine attachante et inoubliable.
Ce roman se lit d’une traite et expose avec virtuosité les luttes sans merci qui se développent pour obtenir ou conserver le pouvoir.
Il relate aussi les batailles de Richard Cœur de Lion en Orient, et le lien si particulier entre lui et sa mère.
C’est violent et flamboyant, c’est absolument shakespearien et c’est une page de notre Histoire.
À lire sans peur !
« Ma mère ne demandait qu’une chose aux poètes, lui offrir un envers. Tous, ils ont loué sa beauté, son courage et son ambition. Elle savait que la première se flétrit, le deuxième se paye et la troisième, lorsqu’elle pourrit sur pied, se nomme sagesse. (…).
« Chantez moi ce qui n’existe pas ». Car seule la littérature peut inverser le sort, le temps d’un poème. »
Chez Stock
Merci à Net Galley France