Femmes de lettres à l’honneur·littérature

Le réveil des sorcières – Stéphanie Janicot

Depuis ma lecture de l’essai de Mona Chollet, Sorcières, qui s’intéresse à ces femmes longtemps montrées du doigt par des hommes refusant leur savoir et leur pouvoir, je lis très différemment les romans les mettant en scène, comme celui de Stéphanie Janicot, Le Réveil des sorcières

Le roman de Stéphanie Janicot paru en janvier m’a intriguée d’abord par le choix du personnage de la sorcière.

Dans cette intrigue, elle n’a rien de la créature effrayante des contes de fée dont le comportement maléfique cherche à nuire à son entourage.

C’est une femme comme les autres, à cela près qu’elle possède des connaissances venues du fond des temps et qu’elle semble vouloir s’affranchir totalement de l’emprise masculine.

Diane est installée en Bretagne, tout près de la forêt de Paimpont, autrement appelée la forêt de Brocéliande, connue pour le séjour de Merlin l’enchanteur, le Val sans retour et la fontaine de Barenton.

Elle tient de sa mère un don particulier pour soigner et s’est décidée à vivre de cet art, recevant chez elle les gens de la campagne alentours ou se rendant à leur domicile comme le ferait une infirmière ou un médecin. Elle est attachée « à cette lignée de sages femmes, guérisseuses, médiums, magiciennes ».

Quand elle disparaît dans de tragiques conditions, sa fille cadette Soan et la narratrice, une amie de toujours, cherchent à comprendre si sa mort est un simple accident ou plutôt le résultat d’une vengeance…

Soann est encore jeune mais se sent pleinement l’héritière des dons de sa mère qu’elle cherche à maîtriser. Pour cela, il lui faut passer par certains rites et acquérir des connaissances particulières.

Il lui faut aussi prendre garde aux jalousies et aux médisances qui sont de véritables fléaux dans les petits villages.

Les croyances superstitieuses brouillent l’esprit et il faut faire preuve du plus grand discernement.

Ce que j’ai aimé dans ce roman c’est que si la magie et les sorcières occupent une place prépondérante, ce n’est jamais pour céder aux clichés.

Bien au contraire, le savoir magique est ici bien plus apparenté à du bon sens, à une fine observation de la nature et à un usage maîtrisé des plantes soignantes, ce qu’il était probablement.

De même, les femmes désignées comme des sorcières sont bien davantage des êtres capables d’une empathie plus développée que la moyenne et détenant un savoir transmis de génération en génération autour des soins, de l’accouchement ou des remèdes, ce qu’elles étaient très certainement.

Entre superstitions bretonnes, folklore d’un autre âge et véritable don pour soulager les maux d’autrui, Stéphanie Janicot ne tisse pas une toile abracadabrante mais bien une intrigue où les femmes sont fortes et cherchent à maîtriser leur destin.

J’ai beaucoup aimé cette histoire au style fluide et qui emporte le lecteur sur les terres celtiques enrichies de légendes.

Son savoir n’est jamais pesant et éclaire l’intrigue à la lumière du merveilleux quand elle évoque la tribu de Dana et le cycle arthurien.

Sorcières :

« elles appartenaient à ces lignées de filles des campagnes douées pour saisir l’autre en un instant, comprendre son corps, son esprit, capable d’attention, d’empathie, dotées de beaucoup de mémoire et de savoir-faire, transmis de génération en génération ».

Chez Albin Michel

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