
Ce nouveau roman de Stefánsson est une ode à la vie et
à l’amour malgré les aléas que ceux-ci imposent parfois cruellement aux
personnages qui évoluent dans un chaos de sentiments contradictoires.
C’est aussi un cantique à l‘Islande dans lequel l’auteur déploie des
descriptions lyriques pour dire la beauté des hivers, le vent qui hérisse les
fjords, les granges où l’on range le foin en été, et la vie des villes sous la
pluie d’automne qui tombe sur Reykjavik.
« Celui qui n’est jamais sorti en août sous la clarté de l’astre de la nuit quand les montagnes n’ont plus rien de terrestre, que la mer s’est changée en miroir d’argent et les touffes d’herbe en chiens endormis – celui-là n’a jamais vécu et il faut qu’il y remédie. »
Ásta, c’est le récit de plusieurs destins construits sur des déceptions, des échecs et des espoirs perdus, traduisant la fragilité de l’existence humaine, la difficulté à réaliser ses désirs, à vivre ses amours, avant que le rideau de ce grand théâtre du monde ne se referme…
Stefánsson s’attache à relater le parcours d’Astá, de ses parents, et des amis qui gravitent autour de sa beauté nordique, dans leur quotidien à la fois simple et tourmenté, et dans une inlassable quête de la félicité toujours contrariée.
L’auteur imprime un tempo humain à son récit : ici, loin d’un rythme effréné, le narrateur épouse le point de vue d’un des personnages à l’agonie qui égraine les instants passés affluant dans son esprit au terme de sa vie.
Il tisse à travers ses souvenirs l’étoffe des rêves d’Astá.
Le récit n’est jamais linéaire : Stefánsson en une construction fine et savante, quasiment concentrique autour du personnage d’Ásta, crée des va-et-vient dans le temps pour offrir aux lecteurs une vision qui embrasse plusieurs générations, et s’attache à révéler la vie d’êtres étroitement liés.
« Si tant est que ça l’ait été un jour, il n’est désormais plus possible de raconter l’histoire d’une personne de manière linéaire, ou comme on dit, du berceau à la tombe. Personne ne vit comme ça. »
Le récit
est ponctué de phrases ciselées comme des maximes qui résonnent dans l’esprit
du lecteur, l’invitent à la méditation et le subjuguent par la poésie qui s’en
dégage.
Vous serez conquis par ce grand roman d’amour si vous êtes sensibles à la
beauté des petites choses simples, si vous n’êtes pas avide d’actions
trépidantes, si vous avez du temps devant vous pour vous délecter de ces
phrases qui vous ouvriront des mondes, et si vous n’avez pas peur d’être
ensorcelé par la prose poétique de ce grand maître des lettres islandaises.
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