
Abyssal plain
Parfois, au détour d’un roman, on découvre un monde. Les pages se mettent à vibrer avec force et la lecture offre une dérive qui autorise de nouvelles sensations…
Les mots de Mariette Navarro délivrent ce que seule la poésie parvient à suggérer : le visible et l’invisible, le sensible et l’imaginaire.
Ce n’est pas un roman comme les autres, il fait partie de ceux qui ont marqué mon été, un de ceux que l’on n’oublie pas : il épouse le battement des cœurs, il sonde les profondeurs de l’âme, il dévoile ce qui ne se voit pas.
L’intrigue
Une femme commandante de cargo règne sur son monde avec assurance et tranquillité. La navigation est une seconde nature, elle a suivi le sillage de son père, la mer est son élément.
Mais au cours d’une traversée, et alors qu’elle accède à la demande de l’équipage de se permettre une baignade impromptue au milieu de l’océan, subrepticement la réalité prend une autre allure, rien n’est plus tangible, ses certitudes s’écoulent…
Mon avis
Ode à la mer, ce roman n’est pas que le récit d’une étrange traversée pendant laquelle le bateau semble doté d’un pouvoir qui échappe à l’autorité des hommes, il est une évocation sensible de la mer, un poème en prose adressé à l’élément marin.
Mais plus encore, il se fait l’éloge d’un certain regard sur le monde, un regard capable de percer la réalité, de saisir ce qui affleure d’un ailleurs et de s’en saisir… au point de sentir que plus rien ne sera jamais comme avant.
Mariette Navarro est dramaturge et poétesse, ses mots installent une parenthèse, sa prose est ondoyante.
C’est un délice, un roman que l’on relit au hasard des pages parce que la beauté intemporelle des phrases prises au hasard réveille les sensations du lecteur.
Je le conseille à tous ceux qui aiment la mer, la poésie, et n’ont pas peur d’entrer dans une faille de la réalité pour rejoindre un autre monde ✨✨✨
Extraits :
« Elle a fait le choix de la navigation, ce savoir d’êtres humains, le choix des bricolages antiques et des machines modernes, des chiffres et des sensations, des abstractions cosmiques et du soleil au visage. Ce qui lui a donné un âge, une densité. »
« Abyssal plain. (…) Ils pensaient à ceux qui y plongent, rêvent d’y marcher, exploit plus rare que d’arpenter la lune. »
Chez Quidam Éditeur