
Quel magnifique roman que celui de Paul Lynch qui sort aujourd’hui en librairie.
Dès le titre, le lecteur est intrigué, comme happé par cette poésie existentielle…
Quel est donc ce territoire que l’on trouve « au-delà de la mer » ?
L’intrigue
Deux hommes ont pris la mer depuis une côte sud-américaine malgré la menace de forte tempête…
Embarqués ensemble un peu par hasard, Bolivar et Hector apprennent à se connaître dans la pire épreuve qu’il soit…
Leur bateau malmené par l’océan Pacifique dérive longtemps et même avec leur très grande détermination, rien ne semble vouloir le ramener près des côtes.
Commence alors un voyage inconnu, loin, très loin, au-delà de la mer…
Ce qu’ils ne savent pas encore, c’est à quel point cette expérience va changer leur vie, ni comment elle peut les emporter plus loin que leur propre ligne d’horizon, aux confins du réel et de l’imaginaire, là où se trouve leur identité profonde.
Ils font l’expérience de la soif, de la faim, du soleil brûlant. Mille fois la question de leur survie se pose à eux.
Comment conserver la volonté de se nourrir d’eau de pluie et de poissons, comment ne pas envisager parfois de renoncer à la lutte ?
Ce qu’ils rencontrent surtout, ce sont leurs pires démons, leurs peurs et les spectres d’un passé qui sans relâche se rappelle à eux.
Peut-on se sauver d’un pareil voyage ?
Mon avis
J’ai dévoré ce roman, j’y ai trouvé tous les aspects qui me séduisent dans une histoire : la dimension existentielle et cosmique.
Je trouve que tout ce qui permet de montrer comment l’homme peut aller au-delà de lui-même, et crée une opposition avec les éléments naturels, touche au sublime.
Ce qui est très réussi et demande une grande maîtrise de la narration, c’est le glissement subtil entre la réalité et l’imaginaire, car quel crédit donner à des visions ou des propos relatés par deux hommes épuisés et délirants ? Ou se trouve la frontière avec l’imaginaire ?
Cette situation brouille habilement les contours de l’histoire, fait douter le lecteur de tout ce qui est raconté entre rêve et délire.
La réflexion proposée par Lynch est profonde : en plaçant ses protagonistes dans une situation extrême, il leur permet d’atteindre à la conscience de l’être, de saisir le sens de l’existence humaine. La vie n’est-elle qu’un long rêve ?
Enfin, et ce n’est pas un argument mineur, ce texte est porté par une écriture sublime.
Simple mais métaphorique et poétique, elle donne encore plus de force au récit.
C’est pour moi un roman admirable.
Celui qui tient le lecteur dans le doute et l’emporte toujours plus loin, celui qui tout en imprimant le rythme lent de la mer et du temps qui s’étire indéfiniment, met les personnages autant que le lecteur face à eux-mêmes.
Précipitez-vous, c’est mon meilleur conseil.
« Sans y mettre de mots, il comprendra qu’une tempête trouve son véritable sens dans ce qu’elle dévoile, que le chaos exprime ce qu’il est et donne forme à ce que l’œil ne saurait percevoir. »
Chez Albin Michel
Très beau billet ! Je suis moins emballée que toi mais j’ai aimé également 🙂
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Je ne m’attendais pas à une telle ampleur ! 😁
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