littérature·Mes auteurs de prédilection

PIERRE CENDORS – Minuit en mon silence

Retour sur un livre marquant, de ceux que l’on n’oublie jamais parce qu’ils touchent au sublime.
Réédité cette année chez @quidamediteur le texte trouve ici sa « version définitive, revue et augmentée. »

Je le garde en moi parce que sa poésie émane de ma mémoire depuis que je l’ai lu.
Dédié à Alain-Fournier, il partage avec lui un idéal amoureux et un certain regard sur le monde.


Ce bref texte est la lettre de Werner Heller, un lieutenant allemand qui sur la ligne du front en 1914, écrit à Else, la femme française qu’il a rencontrée plus tôt et en laquelle il a reconnu la femme idéale. Alors qu’il pense ne plus jamais la revoir, exposé qu’il est au grand chaos de la guerre, il jette sur le papier les fulgurances de cette révélation : il est habité d’un amour profond, elle est la femme qu’il a toujours cherchée.

Au-delà de cette situation où le tragique plane et exacerbe les sentiments de façon douloureusement romantique, le personnage délivre sa conception de l’amour, une vision singulière où le fantasme et le rêve ont plus de prise sur lui que la réalité.

Dans cette longue lettre adressée à celle qu’il aime, il se place dans la lignée des poètes qui ont construit la figure féminine idéale, un être presque dépourvu de matérialité et qui semble perdre sa dimension charnelle pour n’être plus qu’une idée, et même un moyen de se hisser au plus près de l’amour et d’accéder au sublime.

Le discours amoureux se double d’une réflexion sur la poésie et ses pouvoirs sous les traits du personnage d’Orphée qui tient un rôle déterminant dans le récit pour ouvrir le monde de l’imaginaire.
« La poésie, Madame, c’est désimaginer le monde tel qu’on nous le vend. C’est découvrir qu’il n’est rien et que s’en éveiller est tout. »

Si la haute idée de l’amour qui se dégage de ce texte se caractérise par une certaine absence de réalisme, il faut admettre que le discours est magnifique, d’une beauté pure dont le son cristallin résonne longtemps, très longtemps, dans l’esprit du lecteur.
À moins que ce ne soit les échos de son cœur que celui-ci entende soudain battre plus fort ♥️

Chez Quidam Éditeur

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