littérature·Mes auteurs de prédilection

PAUL AUSTER – Moon Palace

On me demande souvent pourquoi j’aime autant ce roman de Paul Auster, au point d’avoir baptisé mon compte Instagram de son titre…


Ce n’est pas si facile d’en exposer clairement les raisons. Tout ne s’explique pas. En littérature, on est captivé un jour par une histoire, une atmosphère et une langue fluide et belle comme celle d’Auster…
Et puis plus rien n’est jamais pareil, comme si l’auteur avait réussi à transformer notre vision du monde. Une seule envie s’impose alors : lire tous ses romans pour prolonger la révélation.

Mais je peux au moins essayer de vous donner quelques clefs, pour qu’à votre tour vous ayez la folle envie de lire Moon Palace.
Certains romans marquent à jamais un lecteur parce qu’à un moment de sa vie, ils entrent en collision avec ses rêves, son désir de sentir un souffle romanesque puissant et la nécessité de trouver dans la littérature une façon de saisir la complexité de l’identité humaine.

Moon Palace est de ceux-là
Il a eu sur moi un écho incroyable alors que je n’ai rien en commun avec son héros : je ne suis pas un jeune juif new-yorkais, orphelin et sans le sou, vivant dans un misérable appartement envahi des 1492 livres légués par un oncle…
Et pourtant, je me suis reconnue sous ses traits, j’ai été emportée par la démonstration brillante que le destin se joue parfois de nous pour nous placer sur un chemin qui mène à des révélations alors même qu’on pensait avancer dans une voie sans issue.

Je l’ai lu après la Trilogie new-yorkaise, je ne m’attendais pas à être saisie de la sorte par des personnages d’une grande profondeur psychologique ni à être emportée par une histoire aussi forte, où le hasard se mêle au destin et vient imposer sa marque à l’itinéraire chaotique du personnage principal.

L’intrigue…
Marco Stanley Fogg est amené à tout perdre et débute son périple dans le plus grand dénuement. Contraint de vendre ses livres les uns après les autres pour survivre, il se retrouve un jour à la rue à mendier et dormir dans Central Park.

L’amour et l’amitié le tireront de cette situation délicate jusqu’à ce qu’il entre auprès d’un certain Effing, un vieil infirme pour lequel il va écrire la nécrologie après avoir entendu le récit de son passé agité.
Voilà déjà un motif d’être séduit : j’ai toujours aimé les personnages qui perdent tout ou partent de rien, les loosers magnifiques capables de transformer leur destin en une épopée, ceux qui ont tout à prouver, ceux qui sont confrontés à l’hostilité du monde et trouvent assez de ressources en eux pour se hisser hors du marasme…Ceux qui sont appelés à des révélations incroyables parce qu’ils acceptent d’être au cœur d’une action, sans attendre que le destin se mette en marche tout seul.

Ce qui m’a plu ensuite c’est la dimension hautement romanesque de cette histoire placée sous le signe de l’aventure.
Marco Stanley Fogg s’apprête à vivre un grand voyage, son nom est d’ailleurs composé de celui de deux aventuriers : Marco Polo et Philéas Fogg.
Mais si les paysages américains décrits sont grandioses, au premier rang desquels se trouve l’Utah, l’aventure est avant tout intérieure.
Des expériences inédites le mènent à explorer ses limites, des rencontres imprévues changent sa vie à jamais…
Le personnage fait la découverte de lui-même, de sa personnalité profonde, de son identité véritable en même temps qu’il explore réellement ou par l’entremise du récit d’un autre personnage, les méandres urbains de New York et les canyons de l’Utah.

Moon Palace, c’est la confrontation de l’Homme à ce qu’il est vraiment, c’est une odyssée aux confins de l’identité… Et puis on retrouve dans ce roman ce qui fait le sel des œuvres de Paul Auster : une structure géniale où la part de hasard vient rendre stupéfiant l’enchaînement des événements.
Auster analyse lui-même : « Moon Palace est un livre circulaire – trois histoires connectées sur trois générations d’hommes. »
L’auteur est un maître en matière d’intrigues, il maîtrise les retournements de situation et crée là un destin incroyable où tous les fils sont reliés de façon confondante sans que le lecteur ne l’ait tout de suite saisi…
Cela participe à son éblouissement final.

La Lune enfin est un symbole qui saupoudre tout au long du récit un peu de sa magie…
Si elle n’est au départ que l’enseigne lumineuse du restaurant le Moon Palace qui clignote dans la nuit depuis la fenêtre de l’appartement de Fogg, elle revient en filigrane au fil des pages, elle donne une lumière particulière, elle est l’astre qui brille dans la nuit et veille sur les destins.

Grand roman, absolument romanesque et qui m’a marquée à jamais !
Je pourrais développer encore mais plutôt que de me lire, vous auriez bien plus raison d’ouvrir Moon Palace.

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3 commentaires sur “PAUL AUSTER – Moon Palace

  1. Je viens d’acquérir une ancienne éditions de Moon Palace, quand je l’ai vu, j’ai tout de suite pensé à toi et il était évident qu’il fallait que je le prenne. J’ai très hâte de découvrir cet auteur, la façon dont tu en parles me donnes une irrésistible envie de le découvrir à mon tour ! L’édition que tu possèdes est très jolie 😉

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