
La fureur de l’adolescence
Imaginez une maison dans les North York Moors – la terre des sœurs Brontë – où une mère serait venue mettre à l’abris ses deux filles adolescentes, malgré l’inconfort et l’isolement…
Que se serait-il passé au lycée d’Oxford pour justifier cette fuite ?
Le lecteur pressent quelque drame inavouable…
Mais rien ne lui sera révélé trop vite…
Il lui faudra d’abord comprendre quel lien attache les deux sœurs dont le portrait se dessine peu à peu et dévoile des personnalités complexes :
Septembre est rebelle à toute autorité, elle ne craint ni rien ni personne et brave les interdits avec délectation, sa beauté fascine autant que ses comportements borderline.
Juillet est plus réservée et discrète, elle ne semble évoluer que dans l’ombre de son aînée et ses mots restent bien souvent coincés dans sa gorge…
L’une est dominée par l’autre, des jeux cruels existent entre elles et attestent de l’étrangeté de leur relation, entre manipulation, amour et obéissance.
Leur mère dépressive reste enfermée dans sa chambre, et des éclats de sa vie brisée ne nous parviennent qu’au détour d’une phrase, jusqu’à ce qu’à son tour, après celle des deux sœurs, la narration passe par son point de vue…
Le lecteur va-t-il alors accéder à une autre forme de vérité ?
Ce qui est très réussi dans ce roman c’est l’atmosphère pesante qui au fil des pages s’installe et épaissit le mystère autour des protagonistes.
Le lieu y est pour beaucoup et pour peu que l’on ait déjà foulé la terre du Yorkshire, on sent ces odeurs de tourbe et de mer, on saisit cette sombre lumière qui donne toujours l’impression que quelque chose va advenir…
J’ai reconnu dans ce roman la marque des récits d’adolescence que j’aime parce que d’une belle plume et grâce à une structure narrative qui nous manipule, ils savent dire la fragilité du monde, les émotions exacerbées, la cruauté de certains liens et par-dessus tout l’amour, l’amour inconditionnel, l’amour au-delà de tout.
Lisez ce roman et vous serez emportés par cette histoire aux allures gothiques et qui garde jusque dans les dernières lignes le sombre éclat du secret.
Aux éditions Stock