Femmes de lettres à l'honneur·littérature

ASLI ERDOGAN – Requiem pour une ville perdue

Si le monde était un chant, il aurait la matière dense d’un texte d’Asli Erdoğan, son infinie poésie et ses profondes inflexions qui disent la vie et l’émotion, la mort, l’amour, la guerre.

Requiem pour une ville perdue.
Si Istanbul était une voix, elle aurait la vibration de cette femme puissante.
Elle prendrait forme dans les ténèbres, au creux de la plus grande des solitudes, et elle emplirait les ruelles de l’évidence de son cri.

Dans ces chapitres aux allures de poèmes en prose hallucinatoires, Asli Erdoğan, entre éblouissements et déchirures, raconte une vie d’écriture, d’émancipation féminine et de lutte politique.

Pour autant, rien n’est pesant, son écriture aérienne sublime le réel, ce sont les espaces de sa conscience que le lecteur traverse, guidé par l’intensité de son souffle, habité par une force inouïe.

« Voilà comment ma vie tient en quelques mots, façonnée par le vide où j’existe, dans l’intervalle entre commencement et fin, entre ses mots et chaque chose qui fut ou ne fut pas.« 

Istanbul est devenue le nom d’une défaite.
L’exilée crie son amour pour cette ville qui fut sienne et qu’elle a perdue.
Les souvenirs affluent, les images du quartier de Galata ont la précision des rêves qui hantent sans relâche.
Ils ont leur immatérialité aussi.

«De la ville vaincue le miroir sans tain, la pierre tombale avant l’heure érigée… Un regard blessé, mais qui désormais n’envisage plus l’avenir, seulement le passé… »

Et pourtant, ce que le lecteur retient lorsqu’il a tourné la dernière page, c’est cet amour viscéral pour le pays natal, cette certitude que l’auteure y a tout appris et que son âme vole au-dessus de la ville.

Ce chant alors n’a plus seulement les accents d’un requiem.
C’est aussi une ode à la vie.

J’ai été renversée par cette prose sublime.
Je ne pourrais lire que des œuvres telles que celle-là : sa poésie saisit par son évidence et foudroie par sa beauté
Ce texte est un éclair dans un ciel déchiré par l’orage, il porte en lui le feu et la lumière.

Chez Actes Sud

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