
Ce nouveau roman d’Amélie Cordonnier s’attaque à un sujet sensible…
Toutes les mères éprouvent-elles le même sentiment d’amour pour leur enfant quand il vient au monde ?
La maternité est-elle aussi instinctive qu’on le dit ?
La narratrice d’une trentaine d’années ne s’était jamais posé la question : sa petite fille de 8 ans a reçu toute son affection, son attention, son amour.
Mais quand Adam vient au monde et qu’à 5 mois elle lui découvre une tache sur le corps, puis une autre… son esprit bascule.
Peu à peu, un travail de sape est à l’œuvre pour la conduire au désamour de son enfant.
Il faut dire – sans en dévoiler beaucoup plus pour conserver le suspens de l’intrigue – que le personnage fait dans le même temps des découvertes de nature à perturber violemment toutes ses certitudes…
Et que rejeter son bébé, c’est rejeter une part d’elle-même.
J’ai cru au début que cette histoire ne prendrait pas… et j’avais une certaine antipathie pour le personnage que je trouvais excessive.
Mais je dois bien avouer que le roman tient ses promesses et que j’ai été à mon tour embarquée dans cette histoire.
Amélie Cordonnier s’attache à développer les causes d’un tel rejet et explore finement la violence de ce que ressent la narratrice.
Elle évoque Kafka et La Métamorphose et décortique le comportement de son héroïne, ses pensées et ses sensations.
La relation de cette mère à son enfant nous est montrée comme dénaturée, anormale et presque pathologique et c’est justement cela qui est intéressant : bien loin de décrire le quotidien classique de celle qui a donné la vie, elle s’engouffre dans la faille de son personnage et montre comment la maternité impose parfois à une femme de grands bouleversements intimes.
Les failles sont toujours intéressantes en littérature et Amélie Cordonnier en a fait son terrain de jeu : après Trancher où elle mettait en scène la violence conjugale, c’est au tour de la maternité d’être malmenée.
Chez Flammarion