
Les poèmes de René Char, des météores
J’ai retrouvé dans ma bibliothèque les recueils de la poésie de René Char que j’avais lus à 20 ans.
Ils m’ont depuis toujours habités mais je ne les avais relus intégralement comme je viens de le faire.
Je sors d’un rêve ébloui, tout est là dans ces petits textes denses qui bien souvent prennent la forme d’aphorismes pour dire le monde : l’amour, la mort, la révolte, la liberté, en convoquant les éléments de la nature, le vent, l’orage, l’arbre, l’oiseau.
Je me souvenais de textes complexes et beaux, je retrouve aujourd’hui des poèmes limpides et lumineux.
Voici quelques bribes.
Mais il faudrait pouvoir tout lire ou relire, tellement ces poèmes communiquent de force !
« Morceau de météore détaché d’un ciel inconnu» selon la formule de Blanchot.
« Les poèmes sont des bouts d’existence incorruptibles que nous lançons à la gueule répugnante de la mort, mais assez haut pour que, ricochant sur elle, ils tombent dans le monde nominateur de l’unité. »
« J’ai, captif, épousé le ralenti du lierre à l’assaut de la pierre de l’éternité. »
« L’imagination consiste à expulser de la réalité plusieurs personnes incomplètes pour, mettant à contribution les puissances magiques et subversives du désir, obtenir le retour sous la forme d’une présence entièrement satisfaisante. C’est alors l’inextinguible réel incréé. »
« Le poème est l’amour réalisé du désir demeuré désir. »
« Nous sommes ingouvernables. Le seul maître qui nous soit propice, c’est l’Eclair, qui tantôt nous illumine et tantôt nous pourfend. »
« Tu es pressé d’écrire,
Comme si tu étais en retard sur la vie.
S’il en est ainsi fais cortège à tes sources.
Hâte-toi.
Hâte-toi de transmettre
Ta part de merveilleux de rébellion de bienfaisance. » […]
Aimez-vous lire de la poésie quand tout semble nous échapper ?
C’est ce que je fais pour retrouver du sens.
Chez Gallimard