La Nuit atlantique – Anne-Marie Garat

Cela vous est-il déjà arrivé de faire la rencontre d’un style ? Anne-Marie Garat dans La Nuit atlantique est de ces auteurs dont on n’oublie pas la plume

Je ne connaissais pas cette auteure qui a fait paraître en février ce roman où l’océan Atlantique tient une place prépondérante, comme en écho aux sentiments tourmentés de la narratrice.

Ce n’est pas tant l’histoire qui m’a emportée même si le résumé séduit d’emblée : Hélène se rend dans sa maison secondaire en Gironde pour vendre ce bien un brin délabré.

Mais la maison se trouve à son arrivée squattée par un jeune homme qu’elle ne connaît pas et sa filleule à qui elle est très attachée s’invite à son tour.

Elle reconsidère alors sa décision et érode ses souvenirs à l’étonnante tournure du destin.

Le style a été pour moi la plus belle des découverte, un style nerveux et vif comme les vagues de l’Atlantique qui puissantes vous emportent avant de se retirer en laissant sur la plage les richesses du ressac.

J’ai été éblouie par cette langue métaphorique, sa densité et sa capacité à ouvrir des mondes à partir de quelques mots associés les uns aux autres.

La façon aussi dont les paroles des personnages sont parfois insérées au récit comme si elles faisaient corps avec lui et ne nécessitaient pas une trop longue interruption rend le texte très vivant et dynamique.

Ceux qui aiment une action trépidante passeront leur chemin, ce n’est pas ici une intrigue haletante qui se déploie mais bien plutôt les affres et les bonheurs d’une femme qui nous sont livrés avec subtilité.

Ces phrases m’ont plu et je me suis dis que l’écriture de cette auteure était résolument moderne.

Pas moderne au sens où on l’entend parfois pour quelques auteurs à qui il suffit de déconstruire la langue pour croire qu’ils l’ont inventée à coup de ponctuation malmenée.

Non, une langue moderne parce qu’en usant de toutes les ressources du langage elle donne aux mots et aux images un sens neuf.

C’est cela pour moi la vraie modernité.

Chez Actes Sud