littérature

Une poignée de vies -Marlen Haushofer

Marlen Haushofer, l’auteure du Mur invisible, a écrit en 1955 Une poignée de vies qui vient de sortir chez Jacqueline Chambon

Quelle étrange histoire que celle de cette femme autrichienne qui abandonne sa maison, son mari et son petit garçon en laissant croire à tous qu’elle a disparu… et bien des années plus tard dans les années 50, revient incognito sur les lieux de son passé enfoui.

Betty se replonge dans de vieilles photos et revit les moments de son adolescence, de son passage difficile à l’âge adulte, de sa vie de mère et d’épouse.

Quelle que soit l’époque, une drôle de sensation jamais ne l’a lâchée et lui a laissé penser que nulle part elle n’était à sa place.

« Elle était à présent persuadée d’être porteuse d’un poison qui provoquait le trouble en elle et dans un cœur étranger. ».

Convaincue de sa différence et de son incapacité à se fondre dans les attentes d’une époque, et plus précisément dans le rôle de la fillette docile, de l’amie fiable, de la femme parfaite ou de la maîtresse exaltée que l’on attend qu’elle joue, elle préfère tout quitter.

Ce roman m’a beaucoup touchée : alors que l’histoire peut sembler un brin abracadabrante, alors que peu de dialogues viennent ponctuer cette longue narration, le lecteur ne peut pas lâcher sa lecture et se délecte de la poésie infinie que l’auteure distille çà et là en de petites touches sensibles.

J’ai vraiment aimé cette écriture qui permet de plonger au cœur des tourments d’une femme si particulière, à l’émotivité à fleur de peau, à la personnalité complexe, forte et fragile à la fois.

C’est beau tout simplement, c’est prenant et troublant.

Quel plaisir pour moi de découvrir cette auteure autrichienne si connue pour Le Mur invisible !

Jolie réflexion sur la place que l’on accorde aux désirs de la femme dans la société, ce roman affirme une liberté absolue.

Ecrit en 1955, il vient d’être publié chez Chambon Actes Sud et traduit de l’allemand par Jacqueline Chambon.

Extraits :

« Elle pensa aussi aux montagnes de livres qu’elle ne lirait jamais et aux champs de fleurs dont elle ne respirerait pas le parfum, aux grands et doux troupeaux dont elle ne comprenait pas la langue, aux foules de prunelles, de longs cils, de cheveux brillants, à la beauté de la terre qui disparaîtrait sans qu’elle l’ait admirée. »

« Avec le tranquille cynisme des femmes, elle observait qu’une moitié de l’humanité sabote en secret, mais résolument, ce qui paraît infiniment important à l’autre moitié. »

Chez Jacqueline Chambon / Actes Sud

2 commentaires sur “Une poignée de vies -Marlen Haushofer

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