Le premier roman de l’Italien Luca Ricci a paru chez Actes Sud. Il évoque la folie, l’amour, la mort, le fantastique, sous l’égide d’un certain Maupassant.
Le narrateur de cette étrange histoire est-il fou ?
Ou bien a-t-il seulement besoin d’un éblouissement des sens créé par le pouvoir de l’imagination pour dépasser les affres de la cinquantaine, un couple dans lequel il s’ennuie, une plume qui ne parvient plus à lui faire écrire le moindre roman, une saison d’automne qui lui rappelle l’arrivée prochaine de l’hiver de sa vie ?
Il semble prêt à tout pour se sentir encore vivant. C’est alors qu’il découvre au marché aux puces une photographie de Jeanne Hébuterne, compagne du peintre Modigliani et qu’il tombe littéralement amoureux d’elle au point d’en être obsédé.
Elle hante ses pensées, elle oriente ses gestes, elle emplit son cœur d’une étrange présence.
Il se sent revivre et ressent pleinement l’exaltation d’un nouvel amour et la folie d’une relation imaginaire…
Sous l’égide d’un maître du fantastique
Cela vous rappelle-t-il quelque chose ?
Cette histoire est inspirée de la nouvelle de Maupassant « La chevelure » dans laquelle un homme qui ne semble pouvoir vivre que tourné vers le passé découvre dans un vieux meuble, la belle chevelure blonde d’une femme dont il tombe éperdument amoureux.
Il ne vit plus que pour elle et tombe dans une obsession pathologique qui lui vaut de terminer ses jours à l’asile.
Luca Ricci reprend tous les codes de la nouvelle fantastique, pousse son personnage narrateur jusqu’au paroxysme de la folie et joue avec les nerfs du lecteur.
Se peut-il que cette Jeanne Hébuterne vienne ainsi le hanter jusque dans sa chambre, se manifestant physiquement sous ses yeux ? Se peut-il qu’elle prenne même le visage et le corps de la cousine de sa femme avec laquelle il va tenter une relation extraconjugale pour assouvir sa passion ? Se peut-il encore que tout ce qu’il vit semble être la réplique de ce qui se passa dans la vie de Modigliani ?
Le lecteur comprend qu’il ne peut pas faire confiance à ce personnage à qui revient la narration.
Est-il fiable et confronté à de très étranges phénomènes?
Est-il fou et habité de visions hallucinantes ?
Comme dans toute nouvelle fantastique, la clé ne nous est pas donnée et l’on oscille entre ces deux possibilités jusqu’au dénouement, dans une fantasmagorie déclinée sur les quatre mois de l’automne.
Tour à tour cynique et dérangeant, addictif et agaçant, ce roman embarque le lecteur dans une histoire déroutante qui pastiche à merveille le texte de Maupassant.
« Chaque histoire d’amour peut être parfaite, il suffit de l’arrêter au
premier baiser. »