littérature

Rose Royal – Nicolas Mathieu

La novella de Nicolas Mathieu est un bijou de réalisme noir

Comment contourner la difficulté de publier un texte après avoir obtenu le Goncourt et alors que toute la sphère des lecteurs trépigne devant le roman à venir, que la critique attend au tournant celui qui s’est déjà brillamment distingué ?

Début de réponse :

En publiant un texte tout à fait inattendu, beaucoup plus court, d’un autre genre, celui de la nouvelle noire.

Et ce n’est pas pour autant une fuite en avant !

Ce texte est un petit bijou de noirceur et de réalisme où chaque situation est vraisemblable, chaque personnage sonne juste dans la brièveté de l’intrigue.

C’est un texte qui fait mouche et qui asseoit définitivement Nicolas Mathieu dans la posture de l’observateur social aguerri, à qui rien n’échappe, ni la moindre crispation d’un visage qui révèle la noirceur sous l’impassibilité de façade, ni les faiblesses des êtres humains qui ne demandent qu’à être aimés, une dernière fois peut-être, après le ballet incessant des amours d’un soir.

Ce genre de la nouvelle noire sied bien à l’auteur…

Il lui va même comme un gant qu’il semble avoir enfilé sans peine et sans dénaturer son intention, celle de mettre en mots la société d’aujourd’hui, ses travers, sa violence sous-jacente, sa misère morale.

Après l’adolescence, la cinquantaine est dans le viseur de Nicolas Mathieu, et ça fait mal !

Pour tout dire, je crois que j’ai préféré ce texte au roman Des enfants après eux, pour la subtilité de son atmosphère, pour tout ce non-dit qui affleure à chaque page et prend de l’ampleur jusqu’au dénouement.

À tous ceux que cela avait gêné, je précise qu’on ne retrouve pas la langue de l’argot mélangée aux métaphores inattendues.

Une belle langue épurée cependant. Un peu moins célinienne.

Chez In8