littérature

Ici n’est plus ici – Tommy Orange

Tommy Orange livre un récit de chair et de sang : Ici n’est plus ici est un premier roman fondamental pour comprendre les souffrances des Premières Nations.

Ils sont Cheyennes ou Navajos.

Ils vivent à Oakland près de San Francisco, connaissent la misère, les tentations de l’alcoolisme ou de la drogue, de la violence et du suicide.

Ils portent dans leur chair et leur âme le massacre de leurs ancêtres chassés de leurs terres, ils évoluent sur ces mêmes lieux autrefois habités par leurs aînés.

Mais « ici n’est plus ici », et ils cherchent leur place dans un monde qui les a depuis longtemps mis à la marge, anéantis, exterminés, « un monde où les Indiens ne sont pas censés vivre mais mourir, rétrécir, disparaître. ».

Ils sont douze.

Douze personnages qui chacun relatent leur parcours chaotique, leur enfance parfois, leurs difficultés toujours, leurs traumatismes, leurs blessures profondes, leurs intuitions des traditions enfouies et la recherche de leur identité, souvent ignorée.

Quand un grand pow-wow est organisé à Oakland et qu’ils convergent tous vers ce lieu comme s’il pouvait leur rendre leur dignité et leur statut, c’est un déchaînement qui se prépare et fait écho à celui auquel ils ont été soumis depuis si longtemps.

La force de ce texte sur la difficulté d’appartenir aujourd’hui aux peuples des premières nations est amplifiée par la multiplication des points de vue et des histoires personnelles : la voix des douze personnages ne fait plus qu’une, c’est un long cri de souffrance qui exprime tout le mal être de ces vies à la marge.

Grâce à cette narration polyphonique, l’identité indienne est mise à nu, le lecteur accède à l’intime, et par le croisement des destins, est amené à saisir le questionnement d’un peuple massacré qu’on a ensuite voulu intégrer sans jamais vraiment l’accepter.

Ce texte puissant, terrible de réalisme, offre un visage indien d’une beauté farouche, poétique et âpre.

Il emporte le lecteur dans un monde souvent inconnu de lui et le laisse pantelant, désarçonné, avec une furieuse envie d’entrer dans la danse des premières Nations pour crier avec eux cette ignominie.

Ici tout n’est pas fictif.

Ici la chair et le sang sont les matériaux du récit.

Prêts pour ce voyage ?

Chez Albin Michel

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