Dans une longue mélopée charriant les mythes antiques, Médée la sorcière, la femme puissante et sanguinaire, parachève son destin monstrueux.
Médée que l’on imagine « avec ces grelots à [ses] chevilles, ces bracelets à [ses] poignets, avec [ses] longues nattes lourdes de bijoux » envoûte le lecteur qui la suit dans son hypnotique danse.
Décidée à extraire le corps de ses fils du tombeau qui les abrite en terre grecque « avec la vanité du marbre », celle qui vient de « plus loin que les plaines de Colchide, De plus loin encore que les hautes montagnes enneigées des frontières perses » a construit un bûcher pour les y consumer, pour châtier davantage encore leur père Jason en le privant de leur sépulture.
Son odyssée se poursuit « aux confins du monde », jusqu’aux « fonds lumineux du Gange ».
Entrecoupée de la voix de ses enfants, la parole de Médée est belle et mélodieuse, elle fascine l’homme qui la suit dans son périple et auquel elle s’adresse.
Qui est cet homme ?
Vient-il sceller son destin à jamais ?
Ou bien Médée la Gorgone finira-t-elle par le pétrifier ?
Ce texte n’est pas une adaptation moderne du mythe de Médée, il se place plutôt dans une volonté de recréer un être mythologique à partir de plusieurs figures fortes.
Gaudé puise dans la culture antique et dans différentes cosmogonies pour ensuite mieux s’affranchir de ses modèles.
Ainsi Médée la grecque est enrichie d’une figure hindoue de la destruction par l’entremise de la déesse Kali, et prend dans le même temps le visage d’une Gorgone.
Tout semble concourir à la rendre plus puissante encore, et d’une effrayante beauté.
« Je suis la déesse Kali
Aux yeux sanglants
Qui danse comme le serpent
Et touche la lune du bout des doigts. »
Chez Actes Sud