Ce roman de l’auteure italienne Antonella Lattanzi met en scène un amour violent, destructeur dans une tension psychologique très réussie.
Rome, écrasée par la chaleur d’un mois d’août et recouverte de la poussière du siroco devient le théâtre d’un drame intime et familial.
Carla, une femme très belle et fragile, s’est séparée de Vito, un mari jaloux et violent aux mœurs mafieuses, dont les menaces de s’en prendre physiquement à ses enfants comme à elle lui ont donné l’énergie suffisante de fuir.
Elle le revoit.
Il disparaît.
La chaleur monte.
L’orage éclate dans un ciel « noir et chaotique », faisant bouillonner le Tibre.
Le corps de Vito est retrouvé dévoré par les goélands.
Qui a tué le bourreau ?
Une femme en état de légitime défense qui protège ses enfants ?
Une maîtresse jalouse ?
Des amants diaboliques bien décidés à se débarrasser d’un ex-mari encombrant ?
Carla est-elle la mante religieuse décrite par la presse ? Cette « femme de glace » qui vous transperce d’un éclat bleu dans le regard ?
Ou bien s’est-elle protégée des violences conjugales ?
Ce drame intime prend un tour résolument sombre et verse dans le thriller psychologique dès lors que le lecteur sent qu’il est manipulé par la narration…
Entre les accusations des uns et des autres, les secrets mal gardés, l’ambiance lourde du petit village des Pouilles dont est originaire Vito, les tensions familiales qui ressurgissent et l’ombre de la mafia qui plane, il est bien difficile de comprendre quelle tragique destinée ont suivi les personnages pendant cette nuit d’août.
Le procès et l’emprisonnement semblent presque des fausses pistes jetée en pâture à un lecteur avide de comprendre.
Ce roman tient en haleine, le style ciselé de certains passages ainsi que les dialogues percutants, transportent le lecteur dans la ville de Rome dont l’atmosphère angoissante s’est chargée d’électricité.
J’ai dévoré ce roman.
Rien n’y est manichéen, au contraire, l’auteure démontre habilement la complexité d’une relation, et combien l’amour n’exclut parfois pas la haine.
C’est subtil et troublant.
Ce roman italien vient tout juste de sortir en librairie chez Actes Sud.
EXTRAITS :
«… tu entrais alors dans une sorte de chambre mentale obscure, même si de toute la vie tu n’avais jamais su, jusque-là, qu’une telle chambre existait dans ta tête, la chambre se refermait sur toi, toute-puissante et héroïque, et tu devenais fou. »
« Celle qui avait été pendant toute sa vie une femme menue, très belle et sans défense, grandissait et prenait des proportions gigantesques, devenait l’image du mal depuis l’intérieur d’une cellule fermée par une porte bleue foncée. Elle se transformait en un personnage mythologique. Il suffisait que tu la regardes, et elle risquait de te dévorer. »