Autre temps, autres indignations
16 avril 1857 : parution du « scandaleux » roman de Flaubert, Madame Bovary
Quand paraît son tout premier roman, Madame Bovary, Flaubert sort de 5 années de rédaction pendant lesquelles il a éprouvé « les affres du style », mais surtout il se relève d’un procès intenté contre lui après une première publication sous forme de feuilleton dans La Revue de Paris.
Mais que reproche-t-on à Madame Bovary ?
Cela peut paraître difficile à entendre au XXIe siècle : le roman est accusé d’outrage à la morale publique et à la religion, taxé de « réalisme vulgaire et souvent choquant », décrivant des scènes à la « couleur lascive » dans lesquelles Emma domine les hommes sans jamais rencontrer de force morale suffisamment explicite.
Aucun personnage positif ne viendrait contrebalancer l’outrage aux bonnes mœurs : Emma ridiculise son mari, et n’est jamais empêchée d’agir comme elle l’entend.
C’est en effet « scandaleux » !
L’auteur ne condamne en rien l’attitude d’Emma… qui se promène en fiacre toute la journée avec son amant Rodolphe, stores baissés !
Le réquisitoire de l’avocat impérial Pinard a été décrit par Georges Dumesnil comme « un monument de sottise et de mauvaise foi qui semblait né de la collaboration de Tartuffe et de Homais ».
Flaubert sera acquittée et sa carrière bien lancée.
Mais l’avocat reportera sur un autre écrivain de talent sa hargne moralisatrice en s’en prenant peu de temps après à Baudelaire qui fit paraître la même année ses scandaleuses Fleurs du Mal…
Certaines époques n’ont ainsi pas ménagé la littérature.
De nos jours, il ne reste qu’un nuage de fumée de ces palabres alors que deux grandes œuvres se sont érigées comme des monuments du patrimoine littéraire.
Le manuscrit intégral de Madame Bovary est à lire chez les Éditions Saints Pères que je remercie pour ce très bel ouvrage.
Moonpalaace 