Une fantasmagorie italienne
Lorsque Iacopo est demandé au chevet de son père malade, une terrible révélation lui est faite, de l’ordre de ce qui ébranle les fondements de l’identité.
Lui qui s’est toujours cru fils unique découvre qu’il a 52 frères et sœurs issus de ce même père notaire et dont la fidélité à sa femme s’érigeait en modèle.
Pire encore, son père attend qu’ils soient rapidement retrouvés…
De révélations en découvertes inimaginables, le monde de Iacopo fait de certitudes tangibles et rassurantes s’écroule et l’image du père s’en trouve aussitôt racornie.
« Il n’était pas seulement le fils d’un hypocrite, fou, menteur, sans scrupule, mais du diable en personne, de l’aberration faite homme. »
En quittant le terrain sûr de ses certitudes, on parvient peut-être à comprendre ce qui anime la vie d’un homme…
Iacopo découvre ainsi la profondeur de la vie de son père, ses défauts et ses envies, son humanité : le notaire aux dehors très sérieux cachait sa véritable personnalité dans la froideur de ses actes notariés, et vivait dans en quelques sortes mille autres vies ailleurs…
« Il avait semé des enfants à travers le monde pour qu’ils vivent les vies que lui ne pouvait pas vivre. (…) Tellement éloignées et différentes de la sienne mais très belles, pleines de passion, de misère, de rêves».
Et alors que « cela faisait des années qu’il ne regardait pas plus loin que les platanes qui bordent la route », Iacopo redécouvre son père, et c’est une nouvelle vie prometteuse qui semble lui tendre les bras, dans cet irrésistible Ailleurs…
J’ai beaucoup aimé la plume de cet auteur italien que je ne connaissais pas et qui nous invite sur le ton de la fable
à considérer d’un autre œil les êtres que nous aimons, et à vivre pleinement des envies souvent refoulées bien loin dans les contingences de la vie réelle.
Nous sommes tous beaucoup plus complexes que ce que nous voulons bien montrer.
Nous sommes tous à la fois ici et ailleurs.
Chez Folio
Moonpalaace 