Quand le roman à suspense aussi s’intéresse à la question des violences faites aux femmes…
« N’importe qui peut voir son monde s’effondrer pour un faux pas : il suffit pour cela, l’espace d’un quart de seconde fatal, d’enfreindre la loi. »
Lorsqu’un homme politique puissant et séduisant, « le meilleur ami du premier ministre », se retrouve dans la tourmente d’un procès pour viol, il ne se doute pas que son passé d’étudiant à Oxford, débridé et libertin, entravera son chemin, habitué qu’il est à ce que tout lui réussisse, possédant le charisme des hommes bien nés, naturellement séduisants et mus par la volonté de conquérir le monde.
C’est sans compter la ténacité de l’avocate de la partie adverse, bien décidée à faire reconnaître des comportements inacceptables et qui pourraient cependant passer pour un simple jeu sexuel… alors que si l’un des deux partenaires n’est pas consentant, c’est de viol dont il s’agit très clairement.
« Je suis lassée de l’inhumanité de l’humanité. Ou plutôt de l’inhumanité de l’homme envers les femmes et les enfants. Je suis lassée de cette violence sexuelle quotidienne…», dit-elle lors d’un amer constat.
Dans un récit habilement construit, en croisant les époques de la jeunesse de James Whitehouse, ce brillant étudiant à Oxford, et l’époque contemporaine où il est devenu un homme politique possédant parfaitement les codes de ce monde, l’auteure dévoile peu à peu un fonctionnement psychologique qui le conduit à franchir les limites, largement et impunément, jusqu’au scandale de la révélation de ses agissements.
L’alternance du point de vue des différents protagonistes vient encore approfondir la compréhension du rôle de chacun dans cette histoire, et les secrets bien enfouis ont ainsi toutes les chances d’être dévoilés au lecteur par de petites touches parfaitement imbriquées et s’éclairant l’une l’autre.
Ainsi, les chapitres offrent tout à tour la parole à James lui-même, Sophie sa femme mi-lucide, mi-consentante mais dévastée, Kate la juge bien décidée à ne rien concéder, sa meilleure amie Ali, dans un faisceau de témoignages concordants.
D’une plume fluide et enlevée, sans jamais céder à la facilité que l’on observe parfois dans certains romans policiers, l’auteur happe son lecteur et opère une véritable dissection du scandale, dont l’anatomie se révèle sordide.
Bien plus qu’un roman policier, ce roman social ouvre une réflexion sur la violence de certaines relations entre les hommes et les femmes, sur le comportement inapproprié d’hommes qui se sentent tout-puissants, et sur les conséquences d’un viol dans la vie d’une femme.
« Il m’a volé ma confiance en autrui, il m’a empêchée de percevoir le monde comme un endroit honnête. »
Malgré un sujet sensible, la lecture est très agréable : un roman à suspens excellent !
Chez les Éditions Préludes