littérature

Julian Barnes – La seule histoire

Amour amer

Paul, un jeune anglais de 19 ans découvre toute l’étendue du sentiment amoureux.

Sa relation avec Susan, âgée de 48 ans, imprime son empreinte de façon indélébile, en naissant dans l’insouciance, puis en s’épanouissant au travers des difficultés que la vie ne manque jamais de mettre sur le chemin des amants – ici morale sociale et familiale, violence conjugale, alcoolisme et dépression – et en se prolongeant jusqu’à l’usure et l’épuisement….

Quelle place alors pour d’autres relations lorsque la première a tout fait vivre, tout donné, et se présente comme un condensé de ce que le sentiment amoureux peut offrir ?

Ainsi, ce n’est pas la simple éducation sentimentale de Paul qui est ici relatée : c’est sa vie d’homme qui se joue, qui se déploie sur la durée, et lui fait connaître le meilleur comme le pire….

Dans la première partie du roman, l’auteur nous plonge dans une relation où l’évidence du sentiment amoureux fait éclater tous les préjugés de classe et d’âge..

La deuxième partie force l’admiration du lecteur qui découvre les graves difficultés que Paul rencontre sans jamais se départir de son flegme ni de sa sincérité ; tandis que le naufrage auquel il est confronté dans la dernière partie renforce le lien avec le lecteur : son introspection, ses analyses du sentiment amoureux sont profondes et touchantes.

J’ai aimé les variations de la narration qui rendent compte par le style du degré d’implication de Paul dans sa relation : si dans la première partie il nous confie à la 1e personne ses joies de jeune amant, le « vous » de la 2e partie interpelle davantage un lecteur pris à témoin du chaos ; tandis que la dernière partie narrée à la 3e personne instaure une distance objective permettant d’observer Paul, qui tel un oiseau blessé, poursuit sa vie sans les vibrations de l’amour.

Julian Barnes use d’une plume élégante et distinguée et fait la démonstration que l’amour est comme une vague : son flux vous emplit entièrement et vous comble, puis il se retire dans un reflux définitif.

C’est beau et subtilement désespérant.

Au Mercure de France

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