littérature

L’éducation occidentale – Boris Le Roy

Boris Le Roy fait la photographie saisissante, hyperréaliste et choquante d’un attentat à Abouja, capitale du Nigeria, pays dont la réputation inquiétante est d’être « l’un des plus dangereux de la planète ».

Ona, agent scientifique de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, a emménagé à Abouja pour une formation de criminalistique, « analyse et gestion de scènes de crime ».

Elle travaille pour

« une organisation ayant pour finalité des valeurs aussi méritoires que la coopération et la sécurité internationale, le développement économique mondial, le progrès social, les droits de l’homme et la réalisation de la paix dans le monde, autant de valeurs qui font de l’ONU – sur le papier- non pas une utopie parmi d’autres, mais l’Utopie avec un grand U».

Lorsqu’elle est amenée à établir un rapport confidentiel sur la scène d’un attentat au marché d’Abouja, elle se réfugie dans la consignation extrêmement précise et scientifique des détails qui la constituent, comme pour mettre à distance une violence insoutenable, incompréhensible et barbare : référence des armes employées et constatations balistiques, description des débris saturant le sol, prélèvements ADN, évocation très réaliste des blessures, organes explosés, os fracassés, substance cérébrale répandue, clichés à l’appui et notes prises dans un carnet.

Parmi les cadavres qui jonchent le sol semble se trouver celui de son chauffeur : le récit se double alors d’une enquête sur les raisons de sa présence si proche de la femme kamikaze…

D’un seul souffle, puis en imprimant à son texte l’apnée qui semble saisir son personnage, Boris Le Roy écrit en une longue et unique phrase ce récit qui malmène la sensibilité du lecteur.
Les phrases s’enchaînent sans point, les chapitres se superposent pour dire le chaos de ce monde gouverné par le terrorisme, et le style réaliste donne à voir sans faux-semblants le visage le plus hideux de la planète, celui des attentats et du trafic de cocaïne orchestrés par l’Etat islamique et le groupe armé Boko Haram.

Tout le récit s’élance vers la scène finale pleine de tension et rapportée dans un ralenti insoutenable alors que le contexte fait craindre le pire.

C’est un roman bref mais très dense, extrêmement réaliste, choquant, sauf si comme Ona le lecteur est capable de prendre la distance nécessaire pour ne pas être submergé par ses émotions tout en regardant bien en face la réalité du monde.

Chez Actes Sud

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