Perdre un proche relève de l’inacceptable, de l’intolérable, et est de nature à bouleverser profondément une vie.

Olivia de Lamberterie évoque la douloureuse disparition d’Alexandre, son frère chéri, cet être flamboyant qui enchantait le quotidien en même temps qu’il abritait en lui une très grande difficulté à supporter le fardeau des jours.
« Quel venin transforme sa vie en montagnes rusées, un jour étincelant et le lendemain terrassé (…) ? »
Lorsqu’il décide de sauter depuis le pont Jacques Cartier de Montréal où il réside, c’est la fin de son parcours chaotique ponctué de précédentes tentatives de suicide : peut-être a-t-il trouvé enfin une paix inaccessible ici-bas.
Mais pour l’auteure, c’est le début d’un long chemin pour comprendre et accepter l’inacceptable.
Ecrire devient alors une nécessité absolue, un chemin à parcourir pour tenter de savoir ce qui mène un être entouré et aimé à décider que la douleur d’exister est trop forte pour continuer à avancer.
«J’écris pour chérir mon frère mort. J’écris pour imprimer sur une page blanche son sourire lumineux et son dernier cri. Pour dire ce crime dont il est à la fois la victime et le coupable. »
Dès lors, rien ne semble plus avoir d’importance que cette terrible perte, ni le travail ni les relations sociales ; ni les amis ou la famille ne semblent pouvoir éteindre cette douleur qui ronge de l’intérieur…
Et d’ailleurs pourquoi l’éteindre ?
Non, il faut la ressentir vivement, il faut l’endurer : cette disparition ne saurait passer inaperçue.
J’ai été très touchée par les mots d’Olivia de Lamberterie dans lesquels toute personne ayant perdu un être cher trouve un écho…
Son récit de la dévastation intérieure est juste et terriblement humain.
Ainsi, la pudeur et les conventions sociales tombent face à la force du souffle qui l’emporte.
Rien ne sera jamais plus pareil… et pourtant, il faut continuer à vivre, montrer à ses enfants que l’on peut encore se tenir debout, en dépit de son malheur.
Écouter les signes qui traduisent la présence d’Alexandre.
Il est là, partout où un cœur l’abrite…
Merci à Net Galley France et aux éditions Stock pour cette lecture.