littérature

Trancher – Amélie Cordonnier

Être chaque jour agonie d’injures…
Recevoir en permanence de l’homme qu’on aime un flot d’insanités plus dégradantes et humiliantes les unes que les autres…

Traîner son « mal de vivre en bandoulière, comme un sac à main (…) plein à craquer de ses insultes, de ton chagrin, de tes peurs, et pire encore de mille regrets. »

Tenir bon, pour l’équilibre des enfants, et par amour pour cet homme. Pour ne pas briser le rêve. .
Et puis craquer, ne plus pouvoir se lever le matin.
Faire une dépression.

Lui donner une seconde chance jusqu’à ce que l’évidence saute aux yeux de façon plus cruelle encore : cet homme est malade, est-il vraiment possible de partager son quotidien ?

Voilà ce que relate Amélie Cordonnier dans ce roman qui se lit d’un souffle.

Face à cette question cruciale, il faudra TRANCHER, ne plus tergiverser, cesser les atermoiements, les fausses excuses, les faux-semblants ; c’est-à-dire décider du chemin à venir, de la vie qu’on se choisit en toute conscience : rester auprès de cet homme aimé mais renoncer à sa dignité, ou partir et détruire tout ce que l’on avait bâti…

Dans ce roman à la structure d’un compte à rebours, entre allées et venues du passé au présent, l’auteure libère la parole d’une femme humiliée qui reçoit des mots dont l’impact a la violence d’une gifle ou de coups.

Qu’elle exprime ce qui a longtemps été tu, qu’elle sente que cette situation n’est en rien acceptable, qu’elle se rebelle de tout son être contre la puissance destructrice de cet homme, voilà qui, par le biais d’une fiction, donnera peut-être un élan à toutes celles qui subissent des situations de violence conjugale mais restent engluées dans un quotidien qui semble immuable.

La force de ce roman, c’est de montrer que le plus difficile est le moment de la décision, mais qu’une fois prise, elle s’impose comme une évidence, une chance de survie, une promesse de retour à l’équilibre.

Puisse cette lecture ouvrir la voie à d’autres femmes et merci à pour ces mots libérateurs.

Morceau choisi :

« Tu ressembles à une bête traquée. Aux aguets. Tu as pris l’habitude que ça dérape. Tu as toujours passé ton temps à redouter le moment où ça bascule. Le mot de trop, qui fait déborder une première phrase, puis entraîne toutes les autres à sa suite. Le déferlement qui te fracasse. T’accuse d’abord puis te défonce. Te secoue, te jette au sol, te reprend, t’essore, et finit par t’abandonner, enfin, pantelante, exténuée. » 000000000ffff



Chez Flammarion

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