
Vanessa Schneider raconte dans ce témoignage l’histoire de sa famille, l’histoire d’une époque, celle des années 70, pour saisir le destin tragique de sa cousine Maria, actrice « libre et sauvage. D’une beauté à couper le souffle», jeune femme dont l’avenir est promis aux plus belles réussites, actrice incandescente du Dernier Tango à Paris aux côtés de Marlon Brando, mais dont la chute vertigineuse ne semble jamais s’arrêter, des terribles humiliations du tournage à la spirale de la drogue dans laquelle elle est projetée inexorablement.
Issue d’une famille complexe, qui échappe aux
codes de la bourgeoisie et se plaît dans des contrastes saisissants, entre un
père haut fonctionnaire de l’État et un mode de vie résolument hippie, la jeune
Vanessa de presque 20 ans la cadette de Maria, assiste impuissante à la lente
destruction de sa cousine, qui a « manqué de tous les regards, de tous les
égards, ceux de (son) père absent, ceux de (sa) mère si mal aimante», et
s’attache à lui rendre justice en rétablissant la vérité des faits, loin de la
légende sulfureuse qui accompagna l’actrice toute sa vie durant.
L’adresse directe à Maria par l’emploi de la deuxième personne tout au long du
récit traduit la sincérité de l’auteur : ce livre qu’elle aurait dû écrire à
quatre mains avec sa cousine, elle a le sentiment qu’elle le lui devait…
C’est une fois que la mort a emporté l’icône que l’auteure ouvre ce « dialogue
» avec la femme qu’elle a été, qu’elle cherche à retranscrire ce qu’elle a vécu
à ses côtés, par bribes, en suivant les allées et venues chaotiques de Maria,
dans une démarche objective, bienveillante et touchante.
J’ai aimé ce livre parce qu’il rend hommage à une femme blessée, et parce que
Vanessa Schneider n’hésite pas à mettre à nu le fonctionnement de sa famille
pour réhabiliter avec beaucoup de sincérité sa cousine, une émouvante « enfant
perdue ».