littérature

Concours pour le Paradis – Clélia Renucci

Coup de cœur vénitien

Qui n’a pas rêvé de pénétrer les mystères de la création artistique ? D’autant plus si celle-ci nous ouvre les portes du Paradis ?

Dans un étincelant tourbillon vénitien, en recréant cette atmosphère empreinte à la fois de la liberté de la République et des carcans de l’inquisition romaine, Clélia Renucci relate la création extraordinaire d’une des plus grandes toiles au monde, prestigieuse et auréolée de mystère autant que de gloire, Le Paradis.

Ainsi, en suivant les traces des grands maîtres qui rivalisent d’ingéniosité pour remporter le privilège ultime de peindre la toile destinée à orner le mur de la salle du Grand Conseil après la destruction de l’œuvre précédente dans un incendie, le lecteur a l’impression de prendre part à l’élaboration complexe d’un chef-d’œuvre, assiste aux rivalités, trahisons, velléités de plagiats et autres manœuvres peu honorables qui agitent paradoxalement des génies de la peinture dont le talent n’est pourtant plus à démontrer…

La capacité de l’auteure à donner vie sous sa plume à la Venise de la Renaissance, à permettre au lecteur d’arpenter les ruelles, les campi et les botteghe de la Merceria, de déambuler des Procuraties à l’Escalier des Géants pour rentrer au cœur du Palais ducal, de donner corps, caractère et émotions à des personnages aussi mythiques que Tintoret, Véronèse et quelques autres grands noms, est proprement stupéfiante.

C’est cette couleur locale, cette humanité des personnages et cette vraisemblance qui m’ont d’abord le plus touchée.

Et puis, le talent de Clélia Renucci à saisir le sens profond de l’œuvre, à nous le dévoiler de façon intime, à nous présenter le Paradis comme le projet « d’une vie, d’une ville », à détailler les techniques picturales tout en narrant les incroyables rebondissements autour de sa création, font de ce récit un roman absolument captivant.

Quand on aime la Sérénissime, quel plaisir que ce roman !
Je vais tous les ans à Venise, je ne regarderai plus jamais de la même manière cette sublime toile, et mes yeux dessillés y poseront à l’avenir le regard de celle qui sait…

« Cessez de penser à l’impossible et croyez au réalisable. Peut-être mes plans ne valent-ils pas les vôtres, mais vous vous devez de trouver une solution. Je m’apprête à peindre la plus grande toile du monde pour la Sérénissime. Vous me dites que ce n’est pas possible ? Ce n’est pas un argument. Les Vénitiens n’ont jamais reculé devant l’inconcevable. Était-il plausible que les terres marécageuses sur lesquelles nous marchons deviennent en quelques siècles le lieu de tous les prestiges ? Était-il envisageable que cette ville, miraculeusement sortie des eaux, traite avec la même hauteur le sultan des Turcs et le pape des chrétiens ? Non, cela ne l’était pas. Et pourtant, c’est un fait. »

Merci à Albin Michel pour cette lecture.

Vous pouvez également lire mon interview de l’auteure.

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