Malgré l’appréhension de me retrouver plongée dans les heures tragiques de l’attentat de Charlie Hebdo, je me décide enfin à ouvrir ce livre, qui est probablement moins un roman que le témoignage d’un rescapé, Philippe Lançon, critique culturel et chroniqueur.

Sa lecture me semble nécessaire : une catharsis, une tentative d’extraire ce qu’il peut y avoir de sens à ces heures sous l’emprise de la barbarie ou de l’absurdité la plus totale.
Philippe Lançon se remémore ses activités ce matin-là, où avant de se rendre au journal, il écoutait Michel Houellebecq à la radio, dont le roman Soumission sortait ce 7 janvier :
« Dans deux heures, sa fiction serait dépassée par une excroissance des phénomènes qu’elle avait imaginés. On ne contrôle jamais l’évolution des maladies qu’on diagnostique, qu’on provoque ou qu’on entretient. Le monde dans lequel vivait Houellebecq avait encore plus d’imagination que celui qu’il décrivait . »
Philippe Lançon qui avait assisté la veille à une représentation de La Nuit des rois, tente de comprendre ce qui lui est arrivé à la lumière du texte de Shakespeare.
« Je l’ai sans doute lu de la plus mauvaise façon possible, comme une énigme, pour y trouver des signes ou des explications à ce qui est arrivé ».
« Shakespeare est toujours un excellent guide lorsqu’il s’agit d’avancer dans un brouillard équivoque et sanglant. Il donne forme à ce qui n’a aucun sens et, ce faisant, donne sens à ce qui a été subi, vécu. »
« Tout est magie, tout est absurde, tout est sentiments et rebondissements. La morale est dite par un bouffon. »
Je n’en suis qu’au début mais je suis totalement prise par ce texte vibrant qui livre de façon entière, sincère et terrible, la vision intérieure d’heures, mais aussi sans doute de mois et d’années, d’un chaos sans nom.
Je poursuis ma lecture…
Chez Gallimard